Les fortifications d'Auxonne 1- APERÇU HISTORIQUE
Au 12ème siècle Auxonne, dans la mouvance du Comté de Bourgogne, est défendue par une simple levée de terre hérissée de palissades et protégée par un large fossé, mais en 1237 le duc de Bourgogne fait de la ville une tête de pont, sentinelle du Duché sur la rive gauche de la Saône. Pendant plusieurs siècles les Auxonnais perfectionnent et renforcent cette enceinte, lui substituant des remparts maçonnés, avec 23 tours, 2 tournelles et 4 portes.
En 1479, lorsque Louis XI conquiert la Bourgogne, Auxonne devient française et ville frontière face aux terres d'Empire qui englobent la Franche-Comté. Le roi dote la ville d'un château adapté aux nécessités nouvelles de l'artillerie. Au 16ème siècle, au temps de la grande lutte entre François Ier et Charles-Quint, on renforce les tours médiévales en édifiant des boulevards en terre, sur le front nord et derrière le Château
Tibériade de Bredin, dite Tableau de la Levée - Archives municipales d'Auxonne - Peinte par Euvrard Bredin en 1575
La Guerre de Trente Ans (1618-1648) rend à Auxonne son rôle de couverture du royaume à l'est. En 1635 et 1636 on construit de grands ouvrages qui préfigurent les bastions et un ravelin couvrant la sortie du Château.
Lors des deux conquêtes successives de la Franche-Comté (1668 et 1674), Auxonne est le point de passage obligé de l'artillerie et des troupes et quand la guerre éclate contre la Hollande, quand les Impériaux menacent envahir la Bourgogne et la Champagne, Louis XIV dépense de 1673 à 1679 des sommes considérables pour fortifier la ville. En 1670 déjà, le Chevalier de Clerville, Commissaire général des fortifications fait un projet d'augmentation à la demande de Colbert, mais en 1673, c'est le comte d'Aspremont qui est chargé de renforcer la place d'Auxonne et de la mettre "en état de ne pas craindre les attaques de l'ennemi". Le projet d'Aspremont incorpore les ouvrages extérieurs de 1636 à de nouveaux bastions et en crée d'autres, agrandissant la ville au-delà de l'enceinte médiévale, du côté nord. Mais les travaux avancent très lentement et lorsque d'Aspremont meurt en juin 1678, la place est loin d'être achevée.
C'est Vauban qui lui succède dans la direction des travaux. Il est déjà venu à Auxonne en 1668 et en 1675 pour donner son avis, il connaît donc les lieux. Il revient à Auxonne en janvier 1679 "pour voir ce qu'il reste à faire" et prend la direction des opérations. Il constate que si certains bastions sont bien avancés, un seul est terminé, et les plus anciens sont encore à rattacher au corps de la place, les vieilles courtines sont à remplacer, les ouvrages extérieurs à faire et les fossés à aménager. Il dote la place d'Auxonne des bâtiments indispensables : casernes, corps de garde, arsenal et reconstruit le pont sur la Saône.
De nombreux mémoires et plans signés de Vauban et adressés au roi proposent des améliorations qui concernent surtout le système des eaux des fossés et d'importantes augmentations (1699) : deux ouvrages à cornes auraient coiffé les bastions du Cygne, de Notre-Dame et un troisième aurait protégé l'entrée du pont, mais ils n'ont jamais été édifiés.
Par la paix de Nimègue (1678-1679, la Franche-Comté devient officiellement française, Auxonne n'est plus ville frontière. Vauban fortifie Besançon et fait des projets pour Belfort, nouvelle place forte destinée à barrer la porte de la Bourgogne aux Allemands.
Si le rôle de ville frontière est terminé pour Auxonne, sa position géographique lui permet de devenir un important dépôt d'artillerie : "très bien situé à l'égard de la ville qui est un lieu caché où l'on ne s'avisera jamais de deviner — écrit Vauban à Louvois en 1687 — qu'on y fasse là des équipages d'artillerie pour la Catalogne, l'Italie, l'Allemagne et la Franche-Comté".
La place d'Auxonne sera à nouveau augmentée et renforcée après le siège de 1815, mais c'est en 1871 que la place jouera pour la dernière fois un rôle militaire avant d'être déclassée en 1895. On commença alors la démolition des fortifications, à la recherche d'un essor économique qu'elles semblaient entraver. C'est la guerre de 1914-1918 qui arrêtera la démolition des fortifications.
AIDE A LA LECTURE
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Bibliographie : Les fortifications d'Auxonne et Vauban par Martine Speranza in Mémoires de la Société d'Emulation du Doubs Histoire et Patrimoine comtois - Nouvelle série n°50 – 2008
Auxonne, iconographie de la frontière (1477-1678) par Martine Speranza in Chastels et maisons fortes 5 – Centre de Castellologie de Bourgogne 2015
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