Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
6 octobre 2022 4 06 /10 /octobre /2022 22:08
Grosey ne fut jamais procureur impérial.jpg

Grosey ne fut jamais procureur impérial.jpg

 

Un duel à la loupe : BONAPARTE contre GROSEY (4)

 

Nous avions conclu le troisième article de notre série « Un duel à la loupe », en faisant mention, sans plus de précisions, d’un détail sujet à caution permettant, pour le moins, de douter de la réalité historique du duel Bonaparte-Grosey.

 

Ce détail rapporté par différentes gazettes et périodiques des années 1840 (entre autres : Le Spectateur de Dijon du 13 décembre 1843, L’Écho rochelais du 15 décembre 1843, L’Illustration du 13 janvier 1844, Le Moniteur Universel du 09 janvier 1844, le Nürnberger Kurier du 24 février 1844) et rapporté plus tard par Claude PICHARD et, jusqu’à nos jours, par divers auteurs, en voici la teneur :

« Lorsque Bonaparte fut arrivé au pouvoir Grosey [ndlr ou Grosset selon les versions], lui demanda un emploi. Sa requête contenait ce singulier passage : « Si tu ne me reconnais pas, tu te rappelleras du jeune dôlois qui t’as donné un coup d’épée sur le rempart d’Auxonne ». Bonaparte au lieu de se fâcher fit droit à la requête de Grosey [ndlr ou Grosset selon les versions] et le nomma procureur impérial à Béfort ».

Le hic dans cette affaire est que la réalité de cette prétendue nomination ne résiste pas à l’examen puisque de 1800 à 1813 on retrouve invariablement, dans les documents officiels, le dénommé Grosey en poste de juge à Lons-le-Saunier, au criminel (1800-1811) puis au civil (1812-1813)

En atteste l’excellent ouvrage collectif édité en 1991 par la Société d’émulation du Jura intitulé Dictionnaire biographique des administrateurs du JURA 1790-1800 en page 157 à l’article 286 Grosey Louis Denis Catherin (1750-1817)

Les almanachs impériaux (de 1805 à 1813 disponibles sur BnfGallica) consultés, démentent eux aussi formellement toute nomination de « procureur impérial à Béfort » qui aurait pu concerner ledit Grosey, et placent invariablement celui-ci à Lons-le-Saunier dans la fonction de juge au criminel, puis au civil.

En fait, Grosey avocat en parlement et homme de loi qui remplissait les fonctions d’accusateur public sous le Directoire au chef-lieu de son département, Lons-Le Saunier, fut sans doute « recyclé » en place, au moment du Consulat, comme tant d’autres en France, qui ne s’étaient jamais battus en duel avec Bonaparte…

 

Et puis, réflexion faite, ce « jeune dôlois » né en 1750 et qui avait donc 19 ans de plus que Bonaparte il n’était pas si jeune que ça autour de 1790, époque du duel supposé !

Il est encore plus difficile d’imaginer, une dizaine d’années plus tard, un magistrat, quinquagénaire ou presque, qui plus est dans la fonction d’accusateur public à Lons-le-Saunier, et visiblement soucieux de sa carrière,  interpellant  aussi cavalièrement le premier Consul.

 

L’anecdote est sans doute séduisante mais sa réalité historique semble s’évanouir, comme fumée au vent, à l’examen des archives

 

Fin de l'histoire

 

 

Martine SPERANZA avec la collaboration active de Claude SPERANZA

 

 

 

Partager cet article
Repost0
Publié par Martine Speranza - Auxonne-Patrimoine - dans Napoléon Bonaparte

Auxonne : Histoire & Patrimoine

  • : auxonne-patrimoine.net
  • : La Petite Fabrique de l’Histoire est le blog historique de Martine SPERANZA créé en 2011. Depuis juin 2021, elle s'était adjoint la collaboration de Claude SPERANZA, son mari. Après le décès de Martine survenu le 16 mai 2023, Claude s'efforcera de poursuivre l'activité de La Petite Fabrique de l’Histoire. Martine SPERANZA est auteure de diverses publications relatives à l'histoire locale.
  • Contact

Iconographie

Barrage vers 1850Vue du barrage d'Auxonne vers 1850  par Charles-Edouard Rougeot - Huile sur toile - Collections du Musée Bonaparte à Auxonne - Photo B. François.

Recherche

LA GIBERNE

Destinée aux curieux en quête de munitions, La GIBERNE  contiendra des  documents qui peuvent préciser une recher-che en cours, élaborer la fiche descriptive d'un bâtiment, donner la réponse à une question posée ...

ANNUAIRE DIDOT-BOTTIN 1889 Côte-d'Or extraits